Qu’on se le dise !

Lorsqu’on sort un album posthume, c’est que l’artiste est mort. Cet album est posthume, il a été enregistré il y a 16 ans… Mais je suis toujours vivante. Qu’on se le dise ! Cet album, plutôt que « post-hume », est « ex-hume ». Je l’ai sorti de terre en effet, cet album. Six titres avaient été édités « de leur vivant » dans mon double-album Harmonie (sorti en 2009), complétés par le concerto en sol de Maurice Ravel : histoire de faire savoir à ce public des clubs de jazz qui me découvrait que j’étais aussi une pianiste classique, une pianiste virtuose… puisque je n’avais fait que cela depuis mes 2 ans ! Qu’on se le dise !… Après Harmonie j’ai repris le chemin des salles de concert classique. J’ai joué dans le monde entier, avec quelque chose en moi de pas très « classique », le besoin de raconter une histoire, d’aller chercher un dépaysement : albums Eldorado, de Padre Soler à Piazzolla (2011), De Chopin à Cuba (2014), Euromantique (2017).
Raconter une histoire, oui ; mais mon histoire… : la plus difficile à raconter ; un puzzle dont les pièces sont éparses, peut-être perdues… En 2008 mes chansons en avaient reconstruit une ébauche, mais c’était trop tôt, j’ai tout jeté, mis à part les six chansons de Harmonie. Tout jeté… Mais comment Thierry Lier a-t-il récemment « exhumé », sous un nid de poussière, cette boîte en carton remplie de CD : ceux des séances d’enregistrement de Harmonie ?
Nous avons tout nettoyé, écouté, trié… un véritable trésor qui s’était perdu pendant ces 16 années : les pièces manquantes de mon puzzle… Le puzzle est encore en construction, mais la musique fait son œuvre… patiemment. Qu’on se le dise !

Lydie Solomon

 DISPONIBLE EN VERSION CD & MP3